Étude comparative des dictionnaires des anglicismes de Höfler et de Debove et Gagnon

 

                                                                                                                                                                           Travail réalisé par Youssef El Ayachi (Université de Liège)

      Présentation

    Ce travail s'inscrit dans le cadre d'une étude comparative linguistique des dictionnaires des anglicismes de Höfler et de Debove et Gagnon. Ce travail consiste à étudier la différence entre ces deux dictionnaires de point de vue sémantique, sociolinguistique et lexicographique.

    Ce travail est composé principalement de trois parties. La première est consacrée à la présentation des deux dictionnaires en repérant le type des mots qui sont retenus et ceux qui sont rejetés et en présentant les différentes étapes de la constitution des définitions commençant par la structure de l' entrée, la datation, l'étymologie et les exemples. Cette partie est clôturée par un commentaire descriptif de la définition d'une entrée dans les deux dictionnaires.

    Dans la deuxième partie, on essaye de définir la notion de définition lexicographique et de faire le point sur l'un des concepts de la théorie de Saussure, à savoir le signe linguistique et le rapport entre le signifiant et le signifié, autrement, entre le concept et l'image acoustique en tant que constituants du signe. Ce qui suivra fera l'objet de la description du contenu des deux théories de Pottier et Rastier en analyse sémique des définitions lexicographiques. Ce chapitre est composé de deux sous-chapitres exposant chacun les deux grands types des sèmes pris pour des traits distinctifs servant à distinguer une entrée de l'autre.

    Quant à la troisième partie, elle est consacrée à l'analyse linguistique des sens des entrées en comparaison avec celles de l'autre dictionnaire ou en comparaison avec les autres sens de la même entrée. Le premier chapitre dans cette partie expose les points communs et les points de différence entre les nomenclatures dans les deux dictionnaires. Ensuite, on a essayé d’appliquer une analyse sémique aux définitions des sens des entrées dans les deux dictionnaires tout en les mettant en comparaison dans le but de montrer si le sens dans le premier dictionnaire et le même que dans l' autre. Dans ce qui suit, on a essayé d'aborder une analyse aussi comparative du contenu des définitions et des exemples. Dans ce chapitre, on a basé l'étude sur une analyse sémantico-pragmatique dans le but de voir si la structure du contenu de la définition est la même que celle du contenu des exemples et s’il existe un rapport soit implicite ou explicite de rapprochement sémantique ou pragmatique entre les deux contenus. 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    I- Présentation procédurale des dictionnaires 

     Les ouvrages, à analyser, sont deux dictionnaires des mots étrangers empruntés de l'anglais au français. Le premier est réalisé par Höfler et le deuxième par le duo Debove et Gagnon. L'objet de cette partie est de présenter la procédure suivie dans la réalisation, les mots retenus et la manière adoptée dont on a ordonné les informations données de ces mots retenus.

    1- Le dictionnaire de Höfler  

 

      1-1-La nomenclature 

     Le dictionnaire des anglicismes de Höfler répertorie les mots empruntés de l'anglais par le  français à  partir de la période où cette langue est entrée en usage dans la communauté française. C'était une période où l'anglais a entretenu un rapport de superstrat avec le français.

   Ce dictionnaire comprend les emprunts faits à  l'anglais depuis XVI ème siècle, dont uniquement le forme a subi des transformations phonétiques, c'est à  dire les mots qui ont été empruntés complètement en tant qu' expression et contenu et ont subi seulement une adaptation au niveau formel. Ces mots sont passés de l'anglais directement au français ou des autres langues par l'intermédiaire de cette langue emprunteuse. Les emprunts faits directement à l'anglais sont appelés les emprunts par importation leximatique et ceux qui ont été faits par le moyen d'un intermédiaire,  sont les mots migrateurs

           

     Les anglicismes par importation lexématique sont les mots empruntés de toutes pièces, comme  jazz, test et aussi les mots composés au moins d'un élément français comme lampe flood et surbooking qui sont respectivement en anglais flood-lamp et overbooking.

Les anglicismes empruntés par importation lexématique comprennent aussi les cas des mots qui ont subi une adaptation morphologique comme l'expression psychedelic qui a donné  psychedelique et  le mot supporter qui est devenu supporteur en français.

  Le dictionnaire de Höfler inclut aussi les mots forgés au moyen éléments anglais comme brushing, silentbloc et les mots réduits par ellipse comme smoking-jacket qui a donné smoking suite à  une évolution dans la langue d'accueil, le français.

 

  Le dictionnaire des anglicismes de Höfler enregistre, de l'autre coté, les mots que le français a emprunté des autres langues par l'anglais. Ces mots sont en particulier ceux qui sont influencés par le système anglais en subissant une transformation au niveau de l'expression et du contenu. Le cas est des mots hindous comme bangala et kar qui sont devenus en français bungalow et curry en passant par l'anglais, des mots qui ont connu une transformation au niveau de l'expression.

 

   Un exemple modifié suite à  une adaptation au niveau du contenu est le mot espagnole cafeteria qui désigne « boutique où l'on vend du café ». Cette expression a changé de sens en passant à  l'anglais où elle a acquis le sens de « lieu où l'on sert du café, d'autres boissons, chaudes et froides, et des repas sommaires». Ce mot est passé au français avec le même sens qu’en anglais. 

 En revanche, les mots, qui ont passé par l'anglais et qui n'ont pas été influencés par le système de cette langue, n'ont pas été pris pour des anglicismes comme le mot dingo ( d'un parler australien), geyser (de l'islandais). Ces mots ne figurent pas dans ce dictionnaire. De même, les calques et les emprunts sémantiques sont éliminés du fait qu'ils n'appartiennent pas au même genre d'anglicismes.

   On a classé ces mots parmi les anglicismes à  éliminer sous prétexte que l'emprunt a concerné seulement la structure sémantique et non pas l'expression. Le verbe anglais to realize est l'exemple justifiant ce cas. Le français a emprunté l'un des lexèmes de ce verbe anglais « se rendre compte » pour enrichir le sens du verbe réaliser et l'un des sens du mot back pour enrichir celui de l'expression « arrière ». Ce mot a reçu la signification de « joueur placé derrière la ligne des demis » grâce à  l'emprunt sémantique fait à  l'anglais par l'expression back.

   Les calques ne sont pas aussi retenus du fait que l'emprunt  est fait uniquement au niveau du contenu comme le cas de gratte-ciel qu'on a formé sur le modèle anglais skyscraper. De la même manière, les mots comme international, antibiotique, ne sont pas retenus parce qu'il a y eu  substitution d'un lexème français au lexème anglais.

   En conclusion, les mots retenus dans ce dictionnaire de Höfler sont les termes qui sont empruntés en tant qu' expression et contenu, c'est à  dire les mots qui sont passés au français en gardant la même suite de sons et la même signification qu'ils avaient dans la langue d'origine.

  

     1-2-La structure de l'article 

  Les entrées du dictionnaire de Höfler sont les anglicismes usuels en français qui ont été empruntés depuis le 16 ème siècle à  l'anglais ou à  l'américain.

   Les mots qui sont de la même famille sont présentés dans des articles séparés comme star, starlette et star-systeme où chaque mot est une entrée indépendante avec sa notice étymologique dans la mesure qu'ils appartiennent au français courant. Par contre, les mots qui sont de la même famille mais n'apprtiennent pas au français courant sont traités comme des sous-entrées du mot radical. Le cas est du mot tobogganing qui sera traité comme la sous-entrée de l'article toboggan. Ces cas sont distingués par la présentation des indices étymologiques.        

 

    1-3-Description linguistique de l'entrée

   Les entrées et les sous-entrées sont subdivisées selon les diverses significations rangées dans un ordre historique au moyen de chiffres arabes. Les chiffres romains distinguent les divers catégories grammaticales.

   L'entrée est accompagnée d'informations sur la catégorie grammaticale suivant l'usage le plus fréquent du mot. Si l'expression a connu des évolutions ou des variations, celles-ci seront décrites avec des précisions historiques.

 

     1-4-La datation

    La datation de l'apparition du mot est marquée par un losange. Après la date de l'apparition vient la date de l'authentification du sens précédée du nom du dictionnaire qui l'a enregistré. Ces deux dates sont séparées par une double barre //.

 

     1-5-L'étymologie

    Le commentaire étymologique est marqué par un cercle noir. Si l'origine anglaise ne fait pas de dates, l'étymologie du mot est directement marquée. Mais dans le cas où il est impossible de décider si le terme a été emprunté directement à  l'anglais ou s'il est formé ou évolué sémantiquement en français, le mot anglais est présenté comme un simple rapprochement. Les mots qui ne comportent pas d'indices étymologiques dans leur définition sont des termes formés ou changés sémantiquement indépendamment de l'anglais.

 

        1-6-Les exemples

      Les exemples ont pour fonction dans ce dictionnaire d'appuyer les dates fournies au début de l'article sauf les dates qui sont précédées d'une double barre. D'autres exemples sont cités parce qu'ils donnent des renseignements sur l'intégration progressive du mot. Les exemples placés en tête présentent le mot comme appartenant à  la langue anglaise. Le mot emprunté, dans certains exemples, est précédé d'expressions comme « que les anglais appellent... » ou « comme disent les Américains... ». Ces types d'exemples sont formulés ainsi pour montrer que le mot n'est pas encore un emprunt proprement dit mais un terme préliminaire à  l'emprunt. (Höfler, 1982)

 

     Cette description  sera claire si on essayera de réfléchir sur la définition d'un des mots de ce dictionnaire. On mettra le choix sur l'entrée qui ouvre la nomenclature dans ce dictionnaire, le mot absentéisme.

 

    Absentéisme n. m. 1. habitude des propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres 1828-1836 absentisme; 1834 // Boiste 1834 (« VX », GLLF 1971); h. Raymond 1836 absentisme a. Absenteeism, du nom absentee « absent ».

      Tel est les régime pour lequel on a fait un nouveau nom? L'absentisme, et que quelques personnes en rougissent pas de défendre. (J.-B. Say, De l'absentisme, et de ce que deviendra l'Irlande, in: Revue encyclopédique, ou Analyse raisonnée des productions les plus remarquables dans les sciences, les arts industriels, la littérature et les beaux-arts 11/1828, 283-291, cit.284.)

       2. manque d'assiduité au travail, dans ses occupations   1846 // Lat. 1897  cf. a. Absenteeism.

      Si par hasard un maître rigoureux exige de la régularité et l'exécution de la tâche habituelle avec plus d'exactitude que ses voisins, il est exposé à la désertion et à l'absentéisme; à la désertion, parce que l'employé veut prendre du service chez quelque propriétaire où il pourra se livrer à plus d'indolence, et à l'absentéisme, parce que c'est pou lui un moyen d'échapper temporairement à la contrainte et au travail régulier. (Annales maritimes et coloniales XCVII, 1846, 79-80.)

      3. habitude de s'absenter de chez soi, de se désintéresser des questions électorales ◊ 1859 // Lar. 1866 (« vx », GLLFF 1971)

      Le public, après tout, se renouvelle, il a même le droit d'absentéisme, comme on dit à la Chambre ... (Th. Gautier, Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans (14/6/1847) V, 1859, 110.)

 

      Taux d'absentéisme  n. m  pourcentage des absences par rapport aux présences régulière, pendant une période et pour une catégorie professionnelle donnée ◊  1957 // Lar.1960.

Taux d'absentéisme (H. Piéron, Vocabulaire de la psychologie 1957).

 

       Absentéiste I. n. Personne qui pratique l'absentéisme   1854 // La châtre 1854 (n. m), Lar. T. 1907.

                                 II. Adj. Qui pratique l'absentéisme   1866 // Lar. 1866.

 

      La définition de cette entrée, selon la procédure lexicographique suivie par Höfler, est composée de cinq parties. Les trois premières parties présentent les divers sens du mot qui ont été acquis dans  certaines périodes distinctes. La quatrième présente le sens du mot taux complété par le mot objet de la définition. Quant aux deux dernières parties, elles citent le sens de l'entrée en deux catégories grammaticales, un nom et un adjectif. Ces deux parties regroupent le sens du mot absentéiste, un dérivé de absentéisme. Les sens sont numérotés par les chiffres arabes et les sens dérivés par les chiffres romains. Chaque sens est suivi de deux dates marquant la période de son apparition, puis d'un exemple où on fait usage du mot d'après son sens. Les sens présentés par les autres parties sont suivis uniquement de la date de l'apparition.

 

      2 - Le dictionnaire de Debove et de Gagnon

          2-1-La nomenclature 

        Ce dictionnaire enregistre les mots empruntés de l'anglais d'Angleterre et de celui des Etats-Unis. Dans le présent dictionnaire, tous les mots qui sont originaires de l'anglais sont pris pour des anglicismes ainsi que  les mots empruntés des autres langues par l'intermédiaire de l'anglais. Inversement, les mots arrivés en français de l'anglais par d'autres langues n'ont pas été pris pour des anglicismes mais des emprunts venant de ces langues.

       Particulièrement, les anglicismes répertoriés dans ce dictionnaire sont les emprunts faits à l'anglais depuis le début des contacts entre ces deux langues jusqu'à la période contemporaine. La nomenclature comprend les mots qui sont encore en usage et ceux  qu'on a cessé actuellement d'utiliser comme le cas de fashionable, inexpressible.

     Les emprunts faits par le français parlé hors la France ne sont pas pris pour des anglicismes et donc ils n'ont pas fait l'objet de la description dans le présent dictionnaire.

 

        2-2-La structure des articles

      Les entrées de ce dictionnaire sont les anglicismes usuels et ceux qui ont été en usage et qu'on a cessé d'utiliser actuellement.

     Chaque entrée est subdivisée en deux parties de typographie séparées par le signe *. La première partie est d'ordre linguistique. Elle montre l'emploi du mot à l'aide de citations et d'exemples.

     La seconde partie, qui est métalinguistique, analyse le mot emprunté, donne sa date d'apparition, son étymologie, l'histoire de sa graphie et sa prononciation.

 

      2-3-Description linguistique de l'entrée

     Les entrées sont, dans ce dictionnaire, subdivisées selon les diverses significations rangées au moyen de chiffres arabes. L'entrée est suivie d'informations portant sur la catégorie grammaticale du mot, objet de la définition.

 

      2-4-La datation et l'étymologie

     La date de l'apparition du mot et son étymologie est marquée dans la partie métalinguistique. Les informations portant sur l'origine du mot, l'histoire de sa graphie sont aussi classées parmi ce qui est métalinguistique.

 

      2-5-Les citations et les exemples

     Le mécanisme de l'introduction d'un mot étranger dans le discours d'une langue obéit aux règles du métalangage. La citation est présentée dans les deux parties, métalinguistique et linguistique de la définition. Dans la partie métalinguistique, la citation a pour fonction d'accorder à l'anglicisme la marque d'intrus et parfois d'un discours simulé pour introduire l'anglicisme dans la langue d'accueil, le français. La citation apporte aussi des renseignements sur la variation historique de la forme graphique du mot.

 

       2-6-Graphie et prononciation

     Chaque entrée est suivie de sa prononciation actuelle en français. La différence phonématique entre le français et l'anglais a instauré un écart entre la suite graphique et le résultat de la prononciation. Le cas d'un phonème marquant cette différence est celui du son /th/ qu'on transcrit en français par [z]. Le français par rapport à l'anglais n'a pas le même accent tonique. La voyelle [ә] de la syllabe finale en anglais de vient [æ] accentuée en français. La prononciation du mot  retenu dans ce dictionnaire est celle des personnes cultivées, qui se situe entre la prononciation anglaise réelle et celle qui est totalement française. (Debove, 1988)

     

     Absentéisme [absǎteism] n.m.

     1° (1829) Habitude prise par les propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres – Habitude prise par les députés de ne pas siéger à la Chambre – REM : Enregistré par Littré 1863; absent des dictionnaires de l'Académie.

   « Le public [...] a même le droit d'absentéisme, comme on dit à la Chambre. » Th. GAUTIER, Art dram. En Fr., 1847[in D.DL, 1ère série].

   « Les neuf dixièmes du sol passent à des Anglais. Ces grands propriétaires ne résident même pas dans le pays; ils vont manger chez eux le revenu de la terre irlandaise; ils livrent à des middlemen, sorte de régisseurs impitoyables, les anciens propriétaires, devenus sur leur propre champ des cottiers, semblables par leur condition aux colons antiques. Cet absentéisme, la difficulté de vendre un peu avantageusement, d'autres causes, parmi lesquelles le découragement du peuple inférieur, multiplient la pâture des dépens de la culture, et sur les pâturages erre une population nomade, prête au brigandage, rongée d'une haine muette. » LAVISSE et RIMBAUD, Histoire Générale, t.VII, p. 867 (1896).

 

    2° (1846) comportement d'un employé souvent absent.

        « Si par hasard un maître rigoureux exige de la régularité et l'exécution de la tâche habituelle avec plus d'exactitude que ses voisins, il est exposé à la désertion et à l'absentéisme; à la désertion, parce que l'employé veut prendre du service chez quelque propriétaire où il pourra se livrer à plus d'indolence, et à l'absentéisme, parce que c'est pour lui un moyen d'échapper temporairement à la contrainte et au travail régulier. » Anales maritimes et coloniales, t. 97, pp. 79-80? 1846 [in D.D.L, 2 ème série, 15]

    « L'absentéisme. C'est la bête noire des chefs d'entreprise. Il se justifie par la maternité, bien sûr, et par la nécessité de cumuler les charges familiales et les tâches professionnelles. » L'Express, 27 nov. 1972, p.81.

 

     * Mot emprunté à l'anglais absenteeism (déb. XIX s) de l'adjectif absentee « absent » formé sur le verbe « to absent oneself » emprunté au français s'absenter et le suff. -ee (Cf. Committee, etc.). Ce mot apparaît en 1829 avec la graphie absentisme (absentéisme, 1834). Il a produit un dérivé français absentéisme, adjectif et nom (1853, la châtre).

      

   Pour concrétiser ce qu'on vient de dire, prenons l'exemple de la définition du même mot ci-dessus. La définition de cette entrée est répartie sur trois parties différentes. Les deux premières représentent les deux différents sens que le mot a acquis dans deux périodes distinctes. Pour ce qui est de la troisième partie de la définition, elle donne une idée générale sur l'origine du mot et le processus de son évolution. Les sens du mot sont numérotés au moyen de chiffres arabes. Chaque sens est précédé de la date de son apparition et puis d'un exemple en une phrase étendue ou un passage où on fait apparaître le mot avec son sens déterminé par la définition.

 

     II - La définition linguistique et l'analyse sémantique du mot

     Le mot est l'unité minimale de sens. Le sens d'un mot est son « vouloir dire » qui varie d'après les circonstances de l'utilisation. Il y a des mots à un seul sens et d'autres à plusieurs sens. Certains mots peuvent acquérir d'autres sens nouveaux et d'autres peuvent perdre certains de leurs sens en changeant la situation de l'utilisation comme c'est le cas des mots passés d'une langue à l'autre ou d'un niveau de langue à l'autre.

      1- Représentation du sens

      1-1-La définition

    La définition lexicographique dans les langues naturelles est une définition de mots: soit d'un signe par d'autres signes appartenant au même système et organisée selon les lois de ce système formelles et sémantiques; soit d'un signifié analysé en traits différentiels et contrastifs « sèmes » organisé en structure « sémème » par les règles normales du discours, (nous reviendrons en détail sur ces deux notions); soit d'un concept, dont la description en langue est chargé de déterminer la nature. (Rey, 1977,  100)

 

      1-2-Le signe

     Le signe linguistique, selon Saussure, unit une chose et un nom et aussi un concept et une image acoustique. On appelle « image acoustique », l'empreinte psychique de cette suite phonique. Elle est sensorielle. Le signe est la combinaison liant le concept et l'image acoustique, mais dans l'usage courant, ce terme de signe désigne généralement l'image acoustique seule. Autrement, le signe est un terme désignant l'union du signifiant et du signifié. Ces deux termes renvoient respectivement au concept et à l'image acoustique. Par exemple le signe (arbre) a pour signifiant la suite phonique [arbr] et a pour signifié l'idée mentale faite de l'objet que désigne la suite de sons [a r b r]. (Saussure, 1949, 97-99)

 

       2- Le contenu lexical

      Le contenu lexical d'un mot ou entrée est son sens, son « vouloir dire ». L'analyse de ce contenu est en traits distinctifs, c'est une analyse en traits pertinents, inspirée des méthodes phonologiques. Elle est appelée aussi analyse componentielle ou analyse sémique d'après le trait de classe majeure (sème). Dans l'analyse, ce trait fait intervenir d'autres comme l'archisémème, le sémantème, le virtuème, le classème qui sont des traits plus distinctifs. (Rey, 1977, p 211)

 

       2-1-Le sème

      Selon Pottier(1974,331), le sème est un trait faisant partie de l'ensemble composant le sémème. Le sème est l'unité minimale de signification. Le terme a été introduit par le linguiste belge ERIC Buyssens, qui l'a défini comme « un tout procédé idéal dont la réalisation permet la communication ». Le « sème »  a été pris ensuite dans le sens de « atome » de signification par divers linguistes, dont Bernard Pottier. Le terme de « sème » est l'équivalent de trait et de composant sémantique. Les sèmes ont une fonction distinctive dans le lexique. D'après Pottier et Rastier, on peut distinguer dans le sème deux types distincts: les sèmes génériques et les sèmes spécifiques.

 

         2-2-Les sèmes génériques

     Les sèmes génériques permettent de rapprocher deux ou plusieurs sémèmes voisins, par référence à une classe plus générale. Les sèmes génériques d'un sémème constituent un trait appelé classème et archisémème.1

      On appelle « classème » le sème déterminant la classe sémantique du sémème. Les classificateurs nominaux en sont une marque formelle. Un verbe est caractérisé par les classèmes de sont sujet et de ses objets. Ainsi, le verbe « parler » a toujours un sujet de classème (+animé). Ces distinctions classèmatiques peuvent être faites en fonction de discontinuité et de continuité

                      objet matériel continu (eau)

                      objet matériel discontinu (table)

 

ou bien en fonction de la transitivité et de l'intrasitivité

                      lexème transitif (achet)

                      lexème intransitif ( march)

 

    Ainsi, on peut parler des classèmes de trois types : classèmes d'animation, de continuité et de transitivité. (Rey, 1970, p 214)

      L'archisémème est l'ensemble de sèmes redondants. Par exemple dans la définition de (chaise) et (fauteuil), l'archisémème est (siège, pour s'asseoir).

     D'une manière générale, Rastier distingue trois types de sèmes selon qu'ils indiquent l'appartenance d'un sémème à un taxème, à un domaine ou à une dimension.

      Le taxème est la classe minimale où les sémèmes sont interdéfinis. Le taxème est la structure paradigmatique constituée par des unités lexicales partageant une zone commune de signification et se trouvant en opposition immédiant les uns avec les autres. Par exemple, les mots « cigare », « pipe » et « cigarette » font partie du taxème (tabac). Les éléments constituants du taxème sont appelés /taxes/ qui sont entre eux en relation d'exclusion mutuelle. La présence de l'un exclut celle de l'autre.

      Le domaine est un groupe de taxèmes, tel que dans un champ donné, il n'existe pas de polysémie.

     Quant à la dimension, elle est une classe de généralité supérieure. Elle inclut des sémèmes comportant un même trait générique du type /animé/, ou /humain/.

 

         2-3-Les sèmes spécifiques

     Les sèmes spécifiques permettent d'opposer deux sémèmes voisins, par une caractéristique propre. Ces sèmes constituent les sémantèmes.1

      Pour Bally, le sémantème est un signe exprimant une idée purement lexicale à l'exclusion des signes grammaticaux. Le sémantème est susceptible de revêtir des formes grammaticales variées: radical (march, chant); mots simples (loup, rouge) ; mots composés (loup-garou, faim de loup, rouge foncé). Pour d'autres, le sémantème est un des éléments composants d'une unité lexicale qui regroupe tous les traits sémantiques spécifiques de l'unité. Quelques classèmes et éventuellement quelques virtuèmes qu'on attribue au sémème « chaise », son sémantème comprend les traits qui désignent l'unité des autres mots du paradigme des sièges.(Dubois,1973, p 427)

    Le virtuème est un ensemble de sèmes constituant l'élément variable de la signification d'une unité lexicale. Ces sèmes variables sont connotatifs, c’est-à-dire qu'ils ne s'actualisent que dans certaines combinaisons données du discours. Le virtuème est très dépendant des acquis socio-culturels des interlocuteurs. Le virtuème est un signe qui a un seul signifiant et plusieurs signifiés déterminables par la situation de communication.(Dubois,1973, p 510)

 

       Masque: objet qui cache les yeux et qui cache le visage lors de la fête costumée.

 

      Cette définition peut être analysé en certains traits distinctifs ainsi:

                  objet non animé ( classème)

                  qui cache les yeux ( sème spécifique)

                  qui cache le visage (sémantème)

                  lors de la fête costumée ( virtuème)

     3-La représentation sémique des sémèmes

    On peut représenter les sèmes identifiant un sémème au moyen d'une arborescence. L'exemple est de Rastier par le sémème « humain »

                        humain

 

 

           femme                   homme

 

 


 épouse                        fille

 

     Le sémème « humain » a deux sèmes « femme » et « homme » et le sème « femme » est aussi un sémème à d'autres sèmes, qui sont « épouse » et « fille ».

 

   Le type du sème n'est pas déterminable par nature mais par sa position dans l'ensemble de définition du sémème. Le sémème, par exemple, « épouse » a un sème générique /sexe féminin/ qu'il partage avec « fille » (au sens de femme non mariée), tandis que pour « femme », /sexe féminin/ est un sème spécifique qui permet de distinguer « femme » de « homme ».

    Le sème « femme » signifie aussi « femme mariée » ou « vivant marital », ce qui le distingue « d'épouse » dont le sens se limite par l'union maritale. La relation entre les différentes occurrences d'un sème générique est une relation d'identité; la relation entre les différents sémèmes est une relation d'équivalence.1

 

     L'ensemble  de mots « tabouret », « chaise », « fauteuil », « canapé » qui ont pour sens général, un objet dont on se sert pour se mettre en repos, pour s' asseoir, n'ont pas le même sens en fonction des traits distinctifs sémantiques.

     Avec les sèmes substantiels, on peut définir les objets que désignent ces mots. Chaque forme signifiante a un contenu sémantique composé d'un ensemble de sèmes appelés sémèmes. Par exemple, le mot « chaise » indépendamment des autres est un sémème composé de plusieurs sèmes qu'on peut déterminer par quatre (s1, s2, s3, s4) (pour s'asseoir, sur pieds, pour une personne, avec dossier), mais dans un ensemble comprenant « un fauteuil », ce mot « chaise » se définit relativement à « fauteuil » comme n'ayant pas le sème s5 « avec bras ». Ici, on pourra dire que S5 est un trait distinctif pertinent qui distingue la « chaise » du « fauteuil », mais dans ce cas là, il faut bien faire la distinction entre ce sème distinctif « avec bras » et « bras » en tant que forme de  la langue, sémème composé d' un ensemble de sèmes. Le nombre des sèmes spécifie le sens de l'unité lexicale en le distingant des autres qui lui sont proches. Les sèmes en commun que partagent les sémèmes sont appelés l'archisémème. Par exemple, les sémèmes « chaise » et « fauteils » ont deux archisémèmes qui sont « pour s'asseoir » et « sur des pieds ». Ceci nous permet de dire que le « fauteuil » est une « chaise », mais non inversement. La détermination des sens des sémèmes en fonction du trait de l'archisémème obéit bien à la règle de la relation logique d'implication.

 

      si c'est un fauteuil, alors c'est une chaise

      si c'est un fauteuil, alors ce n'est pas une chaise

      si ce n'est pas un fauteuil, alors c'est une chaise

      si ce n'est pas un fauteuil, alors ce n'est pas une chaise

 

fauteuil

chaise

fauteuil => chaise

V

V

F

F

V

F

V

F

V

F

V

V

 

 

  On peut aussi schématiser cette relation par les diagrammes de Venn dans le but de montrer les possibilités d'inférer un sémème de l'autre.

Zone de Texte: 	
	 
 

 

 

    La partie noire du cercle renvoie au vide.

 

  On peut traduire ce dessin par « s'il y a des fauteuils, ils seront dans la partie partagée avec l'ensemble de chaise. » (Rey, 1970, p 214 )

 

    D'après ce diagramme, de «tous les fauteuils sont des chaises », on pourra déduire par conversion parttielle « certaines chaises sont fauteuils » et non pas « toutes les chaises sont fauteuils ». Ceci implique que « certaines chaises ne sont pas fauteuils », c’est-à-dire qu'ils sont autres que fauteuils.

    

  En conclusion, la définition lexicographique est l'un des composants du signe linguistique puisqu'il est le signifié qui a pour signifiant le mot, objet de la définition qu'on appelle le sémème en théorie de l'analyse sémique. Le sémème est un ensemble composé d'un nombre fini de sèmes spécifiques et génériques. Ces sèmes sont des traits distinctifs qui permettent de distinguer des sémèmes isotopiques les uns des autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

III - Analyse sémantique et linguistique de la définition lexicographique dans les deux dictionnaires

      La définition lexicographique dans un dictionnaire est la représentation du ou des vouloir dire d'un mot. La fonction de cette représentation est de distinguer le mot ou les sens définis des autres qui peuvent, parfois, être entretenus par des rapports étroits rendant difficile le fait de mettre des limites entre des types de vouloir dire.

 

1- Aperçu comparatif de la nomenclature

1-1-Les entrées

La nomenclature des deux dictionnaires comprend les mots empruntés de l'anglais et ceux qui sont venu des autres langues par cette langue.

   Le dictionnaire de Höfler est composé de mots empruntés à la fois comme expression et comme contenu dont la forme a été soumise à des adaptations phonétiques divers. Ces mots sont généralement ceux qui sont usuels, alors que dans l’autre dictionnaire, les mots retenus sont tous ceux qui sont originaires de l’anglais quels que soient usuels ou non usuels. Cette différence de choix a influencé l’ampleur de la nomenclature dans les deux dictionnaires. Le nombre des entrées varie d’après la procédure sélective adoptée. Ce nombre atteint  2700 entrées dans le dictionnaire de Debove et Gagnon dont 1500 usuelles et 1700 vieillies. Toutefois, ce nombre est beaucoup plus réduit dans le dictionnaire de Hofler. Ce nombre, on peut le déterminer par 1500, le nombre des mots usuels retenu par l'autre dictionnaire, moins les entrées qui ont été traité comme des sous-entrées et les mots qui n'ont pas été pris pour des  anglicismes comme les calques.

    Cette différence peut apparaître aussi claire si on compare le nombre de mots répertoriés dans l’ensemble des entrées à initial la même lettre. Dans le dictionnaire de Debove et Gagnon,  par exemple, les entrées à initial la lettre /a/ sont au nombre de 104, par contre, dans le dictionnaire de Hofler, elles sont au nombre uniquement de 30, soit la différence de 74 entrées. De même, les entrées à initial la lettre /k/ sont au nombre de 43 dans le premier dictionnaire et 22 dans le deuxième. Cet écart peut être expliqué par la procédure sélective adoptée par Hofler qui consiste à éliminer certains mots sous prétexte qu’ils ne sont pas des anglicismes comme l’exemple des calques ou ils sont cessés de l’être tels que les anglicismes vieillis.

 

     1-2-Structure de l’entrée

     Les entrées dans le dictionnaire de Hofler, sont regroupées par famille de mots. Les dérivées sont traitées comme des sous-entrées. La définition de ces mots dérivés est incluse dans la définition du mot d’origine. Quant au dictionnaire de Debove et Gagnon, les dérivées sont traitées comme des entrées distinctes de celles des mots dont elles sont dérivés. Pour illustrer ce cas, prenons l’exemple du mot « agnostique » et la dérivée « agnosticisme ». Debove et Gagnon ont traité ces deux mots comme deux entrées distinctes, alors que Hofler a traité « agnostique » comme une entrée et « agnosticisme » comme une sous-entrée.

 

     1-3-Technique de la définition

      La manière adoptée dans ces deux dictionnaires pour définir les entrées présente une certaine différence marquée par la quantité des informations déterminant la signification du mot. Le dictionnaire de Höfler donne des renseignements sur la catégorie grammaticale du mot dans les entrées et les sous-entrées. Ces informations sont incluses dans le premier sens qui sont suivies du sens du mot et puis de la date de son introduction. De même pour les autres sens si le mot, objet de la définition a plus qu'un sens. La date de l'apparition est toujours suivie de la date de l'authentification du sens défini et du nom du dictionnaire de la langue où ce sens est accordé au mot. Ensuite, l'ordre des informations de la définition donne lieu aux renseignements relatifs à l'étymologie du mot suivis d'un exemple tiré d'un texte écrit à la même période de l'apparition du sens. Les sous-entrées sont traitées de la même manière que les entrées mais elles ne sont pas séparées du contenu de la définition de l'entrée.

Le dictionnaire de Debove et de Gagnon définit les entrées presque de la même manière que dans l'autre dictionnaire avec uniquement une différence au niveau de l'ordre et du type des informations. Le mot à définir dans ce dictionnaire est toujours suivi d'une transcription phonétique montrant la prononciation la plus courante du mot en français et puis de la catégorie grammaticale et la valeur du mot en genre et en nombre si le mot existe qu'au pluriel. Si le mot a plusieurs sens, les sens sont marqués par les chiffres romains. La définition de chaque sens est commencée par la date de son apparition suivi du contenu décrivant ce sens et ensuite du nom du dictionnaire de la langue qui l'a enregistré avec la date d'introduction, c’est-à-dire la date d'authentification. La date de l'authentification du sens, dans ce dictionnaire, n'est pas suivi d'informations étymologiques du mot comme dans le dictionnaire de Höfler, mais elle est suivie directement d'un exemple tiré d'un texte écrit à la même date où le sens est apparu. Tel est le contenu de la première partie de la définition. Pour ce qu’est de la deuxième partie, elle présente le commentaire étymologique qui donne des renseignements sur l’origine du mot, la date de son introduction dans le vocabulaire de la langue française et l’histoire de son évolution.

    Pour authentifier cette description comparative, prenons l’exemple du mot « affidavit ». Dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, ce mot est défini par deux sens différents, alors que dans l’autre dictionnaire, il est défini par un seul sens qu’on peut faire correspondre au deuxième sens dans le dictionnaire de Hofler. Chez Debove et Gagnon, l’entrée est directement suivie de la transcription phonétique, [afidavit] et de la catégorie grammaticale du mot, (n. m), mais chez Hofler, ce mot est suivi uniquement de la catégorie grammaticale, (n. m). Pour ce qui est du contenu de la définition, Hofler l’a commencé par la description du sens qu’il la fait suivre de la date de l’apparition puis de la date de l’authentification, du commentaire étymologique et enfin d’un exemple illustrant ce sens. Par contre, dans l’autre dictionnaire, le contenu de la définition commence par la date de l’introduction suivie de la description du sens et du commentaire étymologique

 

  1-4-La datation

    Dans les deux dictionnaires, on cite trois dates différentes. La première concerne l’introduction du sens décrit du mot, la deuxième détermine l’année de l’authentification de ce sens et la troisième indique l’année de l’écriture du texte d’où l’exemple cité est tiré. La date de l’introduction du sens est cité au début de chaque définition dans le dictionnaire de Debove et Gagnon et à la fin de la description du sens dans le dictionnaire de Hofler. La date de l’authentification a pour place à la fin du contenu de la description du sens, mais cette date, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, est marquée uniquement à la fin du contenu décrivant le premier sens du mot. Pour ce cas, on peut cité l’exemple de « action », une entrée en un seul sens et « kayak » un mot à deux sens. Et pour certains mots, on n’indique pas de date d’authentification. L’exemple est de l’entrée « adjustable » et « adder »

     Les exemples cités pour certaines définitions de sens sont parfois de textes écrits à deux dates différentes comme dans l’exemple du mot  « kidnapper » où la date de l’introduction est 1930 et la date de l’écriture du texte dont on a tiré l’exemple est 1951 et pour certains mots on cite pas d’exemple comme dans le cas de « adresse » dans le dictionnaire de Debove et de celui de Hofler dans  les définissions de certains mots comme « adventiste ». Pour ce qui est de la date de l’apparition du sens et de son authentification, elle présente une certaines différence. Parfois la date de l’apparition du mot ou du sens est la même dans les deux dictionnaires, le cas de « karting » et « zoning ». Dans d’autres cas, la date de l’introduction dans le dictionnaire de Debove et Gagnon est la date de l’authentification dans l’autre dictionnaire. L’exemple est du mot « kidnapping ». La date de l’introduction de ce mot dans le dictionnaire de Debove et de Gagnon est 1948. Cette date est l’année de l’authentification du sens de ce mot dans le dictionnaire de Hofler. La différence au niveau de la datation est signalé aussi par la date de l'introduction du sens et celle de l'écriture du texte d'où l'exemple cité est extrait. Dans le dictionnaire de Hofler, ces deux dates sont identiques, par contre, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, ellles sont différentes, elles ne sont identiques que dans certains cas comme le l'entrée « zoo » et « ketchop ».

 

     1-5-Le commentaire étymologique

     Contrairement au dictionnaire de Höfler, qui a mis pour place le commentaire étymologique juste après la date de l'apparition du mot, le dictionnaire de Debove et Gagnon a choisi de mettre ce commentaire portant sur l'étymologie du mot à la fin de la définition globale de l'entrée.  La valeur de ce commentaire n’est pas la même dans les deux dictionnaires d’après sa situation et la quantité d’informations qu’il donne sur le mot. Dans le dictionnaire de hofler, le commentaire étymologique occupe un espace très étroit dans le contenu de la définition de l’entrée. Généralement, on y mentionne le mot d’origine. Si ce mot est proprement anglais, on le cite accompagné de son équivalent en français. S’il est un mot anglais mais dérivé d’un autre mot, on cite les deux mots, c'est-à-dire le mot d’origine et celui dont il est dérivé comme le cas de l’entrée « designer ». Ce mot est originaire du terme anglais « designer » qui est un mot dérivé du verbe « to design » qui a pour sens, en français, « faire des plans, des modèles ». De l’autre coté, les mots qui ne sont pas anglais mais ils sont uniquement passés par cette langue pour arriver au français, sont cités avec la langue et le mot d’où ils tirent leur origine comme l’emprunt dollar. Ce mot est originaire du terme anglais « dollar » qui est venu du neerlandais « doler ». Dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, le commentaire étymologique indique le mot d’origine et la langue à  laquelle il appartient si c’est l’américain ou l’anglais. Il montre aussi l’origine de ce mot dans la langue anglaise, si l’anglais l’a emprunté d’une autre langue. Si le mot est proprement anglais, forgé en cette langue, on essaye de remonter à son origine en le découpant en parties constitutives comme le cas de « zoologique », un mot formé d’élément « zoo » qui veut dire « jardin » et de l’élément « logique ». Pour bien remarquer la différence en ce niveau, comparent l’étymologie du mot « zoning » dans les deux dictionnaires. Dans le dictionnaire de Hofler, on a indiqué uniquement le mot anglais « zoning » et le terme dont ce mot est dérivé qui est dans le commentaire, le verbe « to zone » qui a pour sens « diviser en zones, en secteurs ». Pour ce qui est du dictionnaire de Debove et Gagnon, le commentaire étymologique présente le secteur de l’utilisation du mot et la langue anglaise dont il est originaire, s’il est de l’anglais américain ou britanique. Puis, il indique le sens du mot dans la langue première et le terme qui a donné ce mot d’origine, qui ‘est ici le verbe « to zone ». Ce mot est suivi d’une brève description de sens, du domaine de son emploi et du terme d’où il tire son origine, qui est dans cet exemple, le nom « zone », emprunté antérieurement du français. Le commentaire étymologique dans ce dictionnaire cite aussi la date de l’usage du mot étranger en français et l’ouvrage où on l’a utilisé.

    En somme, le commentaire étymologique dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, présente des informations détaillées sur l’histoire du mot, néanmoins, celui de Hofler, se limite à la présentation du mot d’origine et son sens dans sa langue première, l’anglais.

     Les mots formant la nomenclature dans les deux dictionnaires sont originaires de l'anglais britannique et américain ou des autres langues d'où l'anglais a emprunté des mots à un moment donné et les a fait passés au français. Par contre, les mots anglais qui ont été passés par d'autres langues comme l'espagnol et l'allemand n'ont pas été pris pour des anglicismes mais pour des emprunts faits à ces langues.

 

       2- Analyse sémique des entrées

      L'analyse sémique prend pour objet les unités lexicales qui appartiennent, selon la terminologie de Rastier et de Pottier, au même taxème et domaine et ont la même dimension pour les distinguer les uns des autres.

 

     Pour cette analyse, on prendra, au prelier lieu, le mot « absentièsme ». D' après la conception  de Saussure de l'analyse du mot en tant que signe, on peut aborder la définition du mot dans les deux dictionnaires. Dans le dictionnaire de Höfler, le signe est composé d'un signifiant et de trois signifiés. A la différence de Höfler, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, le signe est formé d'un signifiant et uniquement de deux signifiés. Autrement, il est composé d'un concept et de deux images acoustiques formées par la suite de sons constituant le sens.

    L'image acoustique est chaque fois différente selon la quantité de ces sons articulés dans un ordre particulier formant un mot ou un groupe de mots. Dans le premier sens du mot « absentéisme » du dictionnaire de Höfler, l'image acoustique s'évolue chaque fois qu'on ajoute un mot. Supposant que si on a défini le mot uniquement avec « habitude », l'image qui sera formée dans notre mémoire ne sera pas de la même qualité que si on ajoute un autre mot à « habitude » qui est dans la définition, le complément du nom «  des propriétaires fonciers » marquant le rapport d'appartenance avec l'autre mot. Et ainsi de suite quand on ajoute un autre mot, suite de sons. Cette adjonction a rendu l'image acoustique du premier sens claire et l'a distingué de celle du troisième sens comportant le même mot, qui ouvre la définition, c’est-à-dire le terme «  habitude ».

   

     Ces suites de sons, responsables de l’évolution de l’image acoustique sont appelées, selon Pottier et Rastier, les sèmes. Si on prend, dans ce sens, le mot « absentéisme » défini dans les deux dictionnaires, on peut énoncer que sa définition est composée d'un nombre de sèmes, un nombre qui diffère d'une définition à l'autre.

 

  Dictionnaire de Höfler

  Premier sens : Habitude des propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres

  Deuxième sens : Manque d'assiduité au travail dans ses occupations

  Troisième sens : Habitude de s'absenter de chez soi, de se désintéresser des questions électorales

 

  Dictionnaire de Debove et Gagnon

  Premier sens : Habitude prise par les propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres

  Deuxième sens : Comportement d'un employé absent

 

   Dans les deux dictionnaires, le sémème « absentéisme » est composé des mêmes  sèmes dans le premier sens. Il a un sème générique à savoir le classème (-concret), deux sémantèmes et un virtuèmes. Pour ce qui est du deuxième sens, il est composé de quatre sèmes, un générique et trois spécifiques qui sont tous des sémantèmes dans le dictionnaire de Höfler. Et dans celui de Debove et Gagnon, il est composé de trois sèmes, un générique et deux spécifiques « d'un employé » et « souvent absent ». Pour la  définition du troisième sens dans le dictionnaire de Höfler, il est formé de deux définitions; les deux sont composés de trois sèmes, un archisémème « habitude » ou sème générique et deux sèmes spécifiques.

  Ce mot incarne le cas des entrées différenciés par le nombre des sens. Maintenant, prenons un autre exemple de mots qui ont le même nombre de sens dans les deux dictionnaires. Soit le terme « liner »

 

Dictionnaire de Hofler

Premier sens : paquebot de grande ligne.

Deusième sens :  avion de ligne.

 

Dictionnaire de Debove et Gagnon

Premier sens :     paquobot de gande ligne.

Deuxième sens : avion de transport de passager à une grande capacité, affecté à une ligne réguliérement assuré par une compagnie.

 

   Le sémème « liner » est défini par deux ensembles de sèmes en un nombre qui diffère d'un dictionnaire à l'autre.Dans le dictionnaire de Hofler, le premier sens de ce terme a été défini par deux sèmes. Ces sèmes sont les composants de la définition du premier sens dans l'autre dictionnaire. En terme de traits sémiques, ils sont un sème générique et un sème spécifique. Les deux sont des archisémèmes puisqu'ils sont des sèmes partagés entre les deux définitions. Pour ce qui 'est de la deuxième définition, les sens sont différents même si elles partagent un sème générique  « avion ». Dans le dictionnaire de Hofler, ce sémème a uniquement deux sèmes, mais dans l'autre dictionnaire, il a cinq sèmes. Cette diffarence de nombre de sèmes met en place la difficulté de la détermination de sens. Selon la deuxième définition donné à ce mot par Hofler, on peut comprendre qu'il s'agit d'un avion qui assure la liaison entre deux points: de départ et d'arrivée, mais on aura aucune information de sa fonction et de son type qui nous permettera de la distinguer des autres. Néanmoins, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, la présence de quelques sèmes spécifiques tels que « de transport de passager », « à grande capacité » et « assuré par une compgnie » permet de distinguer cette avion des autres qui peuvent être (de chasse, de sauvtage), (petite, gande) et (personnel, militaire, appartenant à une compagnie de voyage).

   La différence en ce cas est marquée, dans la définition du deuxième sens, par le nombre de sèmes. Dans le cas suivant, on prendra l'exemple d'un mot en un seul sens dans les deux dictionnaire, on mettra le choix sur l'entrée « listing ».

 

Dictionnaire de Hofler

Premier sens :  document produit par l'imprimante d'un ordinateur qui présente une liste détailée de données

 

Dictionnaire de Debove et Gagnon

Premier sens :  établissement de liste sur lesquelles les objets seront classées par catégories. Ces listes elles-mêmes.

    Le contenu de la définition de ce mot détermine un seul sens dans les deux dictionnaire. Le sémème « listing » dans le dictionnaire de Hofler est composé de trois sèmes, un générique et deux spécifiques. Debove et Gagnon l'ont défini par deux sèmes, un générique et un spécifique, mais ce sens n'est pas le même dans les deux dictionnaires puisque les sèmes génériques de ces deux sémèmes ne sont pas les mêmes qui sont « document » dans le dictionnaire de Hofler et « établissement de listes » dans celui de Debove et Gagnon. « document » est un nom qui désigne un objet et « établissement de liste » est un nom en rapport avec son complément qui désigne, c'est-à-dire le nom, l'action de la réalisation de l'objet qu' indique ce complément. Dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, le sème « document » est repris au deuxième sens, un sens inclus dans le premier. Et le premier sens dans ce dictionnaire, est le même décrit dans le dictionnaire de Hofler comme sens du mot d'origine. D'ici, on pourra conclure que le sens du mot « listing », dans le dictionnaire de Debove et Gagnon est celui du mot d'origine et du mot résultat de l'emprunt linguistique puisque la définition de ce mot « listing » est réparti sur deux parties séparées par un point. Dans la deuxième, on a repris le premier sème du sémème « listing » dans le dictionnaire de Hofler ou tous les sèmes définissant le mot dans le même dictionnaire, c'est à dire ce qu'est présenté dans la première partie exept le premier treme composant le premier sème qui désigne une action.

 

    Pour clarifier encore plus l'écart existant entre les définitions des entrées en un seul sens, prenons le terme « dancing », une entrée définit en un seul sens dans le dictionnaire de Debove et Gagnon et en deux dans le dictionnaire de Hofler.

 

Dictionnaire de Hofler

Premier sens :  réunion où l'on danse

Deuxième sens : établissement où l'on danse

 

Dictionnaire de Debove et Gagnon

Premier sens :  établissement public où l'on danse et où l'on sert des consomations

      Ce sémème « dancing » a deux sèmes dans le dictionnaire de Hofler à savoir un générique « réunion » et un spécifique « où l'on danse » et il a trois sèmes dans l'autre dictionnaire; un générique et deux spécifiques  « où l'on danse » et « où l'on sert des consomations ». Le sens du sème générique n'est pas le même dans les deux définitions. Chez Hofler, il désigne « l'état d'un ensemble de personnes » et dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, il désigne « le lieu où on se met en cet état ». Le sens défini n'est pas le même, même s'il existe un rapprochement manifesté par le sème spécifique « où l'on danse ». Cet écart est marqué, comme il est expliqué précédement, par le sème générique et le deuxième sème spécifique manquant dans le dictionnaire de Hofler, dans la première définition. Mais si on répartit le deuxième sens de cette entrée en composants sémiques, on peut énoncer l'existance de ressemblance entre les sens du mot dans les deux dictionnaires. Ce deuxième sens est constitué des mêmes deux premiers sèmes composant le sémème « dancing » dans le dictionnaire de Debove et Gegnon. La définition de  ce mot correspend partiellement au deuxième sens dans le dictionnaire de Hofler. Et ce que décrit le contenu de la première définition dans ce dictionnaire est un manque dans le dictionnaire de Debove et Gagnon.

 

    Il est aussi important de soumettre à l'analyse sémique les différents sens du même mot dans le même dictionnaire. Prenons le premier sens et le deuxième dans le dictionnaire de Höfler. Les deux sens partagent un sème générique « habitude » qui est un archisémème et un classème (-concret). La différence entre ces deux sens est marquée par les sèmes spécifiques. Ces sèmes sont les sémantèmes et les virtuèmes. Le premier sens a deux sémantèmes et un virtuème «hors de leurs terres » et le deuxième sens a seulement deux sémantèmes. On a qualifié le dernier sème de ce sens par le virtuème parce qu'il a plus qu'un signifiant. Cette diversité est marquée par le mot « terre qui est un mot ambigu susceptible de plusieurs lectures d'après la situation d'énonciation. Ce mot peut être compris dans le sens de « pays » ou de « plantation ». Quant au deuxième sens, il ne partage aucun sème avec les autres sens.

    Pour ce qui est des sens du mot, objet de notre analyse, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, selon les traits distinctifs de Pottier, ils ne partagent aucun sème, donc, ils sont nettement distincts. Mais d'après Rastier, on peut énoncer l'existence d'un rapprochement entre les deux sens. Si on prend le mot « propriétaires », qui peut avoir aussi le sens de « employé » dans une situation présentant le propriétaire comme la personne qui occupe la propriété et son exploitant par son propre travail.  Le mot « terres » dans le sens de plantations et le mot « employé », dans la deuxième définition de sens, qui sont des taxes, selon Rastier, ils font tous partie du même taxème.

     De même pour le mot « dinghy », un terme défini en deux sens. Les deux sens sont définis par un sème générique et un sème spécifique. Le sème générique du premier sens « embarquation légère » a le sens de « batteau de petite taille ». Le sème générique du deuxième sens a aussi la même signification. Donc, les deux définitions partagent un sème de type archisémème et classème (+ concret). La différence entre ces deux sens est marquée uniquement par le sème spécifique « de sauvtage » qui 'est un sémantème. Ce sémantème spécifie le deuxième sens par rapport au deuxième détreminé par l'archisémème.

  Le même mot est défini, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, aussi par deux sens. Le premier sens est composé de deux sèmes, un générique et un spécifique. La définition du deuxième est composé de sept sèmes, un générique et six spécifiques. Les sèmes génériques, dans les deux définitions de sens, désignent un « bateau de petite taille ». Les sens ne sont distingués que par le premier sème spécifique qui est dans la première définition « de sauvtage » et dans le deuxième «  de plaisance ». Les autres sèmes n'ont qu'une fonction descriptive explicative.

 

      En somme, la différence entre les descriptions des sèmes varie en fonction du nombre et du type des sèmes. Si un sémème a plus de sèmes, par rapport à un autre sémème, il ne peut être égale à celui-ci sauf si la différence est marquée par le type des sèmes, c’est-à-dire générique ou spécifique.

 

      3- Origine référentielle des exemples

     Les exemples cités dans ces deux dictionnaires ont pour référence les différents types d'ouvrages écrits au moment de l'apparition du sens décrit dans la définition. Ces exemples sont des phrases simples et complexes et parfois des passages composés de plusieurs phrases. Ils ont pour fonction de justifier le sens défini. Parfois on cite plus qu'un exemple tirés de deux ouvrages différents écrits dans deux périodes distinctes, en particulier, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon. Dans le dictionnaire de Höfler, les exemples cités sont tirés aussi des ouvrages écrits en même période de l'apparition du sens, mais précisément à la même date exacte de l'apparition du sens, par contre dans l'autre dictionnaire, les dates de l'apparition du sens et son usage à l'écrit dans l'ouvrage cité, ne sont pas toujours les mêmes.

 

      4- Analyse linguistique comparative des exemples et du contenu de la définition des sens

    D'après ce qui précède, les exemples sont des phrases qui ont pour fonction de justifier et de clarifier la définition donnée à chacun des sens du mot à définir. Selon cette réalité, il peut exister un rapport entre ces phrases de l'exemple et le contenu de la définition. Pour montrer ce rapport, on procède à une analyse comparative des deux contenus, c'est-à-dire de l'exemple et de la définition de point de vue sémantico-pragmatique.

 

       4-2-Analyse sémantico-pragmatique

   Les exemples prennent d'une manière implicite ou explicite le contenu de la formation syntagmatique de la définition du sens. Prenons le premier sens du mot « absentiésme » dans le dictionnaire de Debove et Gagnon. Ce sens a été défini par « habitude prise par les propriétaires fonciers de résider hors de leurs terres ». Cette formation syntagmatique a été reprise autrement dans le deuxième exemple en ces mots « ces grands propriétaires ne résident même pas dans le pays », de même pour la définition placée entre deux tirets du même sens, le sens du mot est identifié par «  ce qu'on dit à la Chambre », c’est-à-dire qu'on ne siège pas à la chambre, en rapport avec le syntagme formant la définition du sens.

    De la même manière, on a traité le deuxième sens. Dans l'exemple cité, le mot, objet de la définition est mentionné dans la proposition subordonnée circonstancielle de lieu introduite par l'adverbe « où ». Cette proposition est suivie d'une autre proposition de cause qui explique ce qui a fait apparaître ce cas de comportement d'absentéisme. Le contenu de l'antécédent et de la proposition de cause sont repris dans la définition. On justifie cette affirmation par l'existence  de points en communs entre cette partie de l'exemple et le contenu de la définition. Si on prend le mot « absent » et « échapper », les deux ont le même sens pragmatique. « Échapper » a le sens de « cesser d'être retenu » et « absent » a le sens de « ne pas être présent ». De point de vue pragmatique « échapper » est un verbe qui dénote l'action de déplacement d'un lieu à l'autre et changer de lieu veut dire être absent à un moment donné de ce lieu. Le rapport de rapprochement entre le contenu de la définition et celui de l'exemple est aussi marqué par les expressions « la contrainte et travail régulier » et le mot « employé » qui veut dire souvent « un travailleur soumis aux contraintes des recommandations de l'employeur ».

     Dans le dictionnaire de Höfler, le rapport entre la définition et l'exemple cité est presque le même que dans l'autre dictionnaire. L'exemple de la définition du premier sens identifie le mot « absentéisme » par l'expression « régime » qui a pour sens « l'ensemble de dispositions ». Si on compare les sens de ce mot à celui du mot constituant le premier sème du sémème « absentéisme », on constate qu'il existe une relation mettant en place des points en commun entre ces deux parties. On appelle « habitude », un ensemble de dispositions régissant les comportements d'un individu ou d'une communauté. « Le régime » est aussi un mot qui a pour sens presque la même définition. C'est un ensemble de dispositions régissant une décision individuelle ou communautaire. Dans le deuxième sens, le rapport entre le sens du mot dans l'exemple et la définition est un rapport d'implicite. Le sens d' « absentéisme » est la conséquence du « comportement du maître rigoureux qui exige de la régularité et l'exécution de la tâche habituelle avec plus d'exactitude que ses voisins ». Quant au contenu de la définition, il est « état du manque d'assiduité au travail ou aux occupations » mais sur l'autre niveau, le comportement de tel maître, dans l'exemple, mène à cet état négatif au travail ou aux occupations.

   Pour authentifier davantage le rapport existant entre le contenu de la définition et de l'exemple, prenons un autre cas.  L'entrée « schooner » est définie, dans le dictionnaire de Hofler, par « petit bâtiment à deux mâtes, gréé comme goélette ». Le mot « bâtiment » est utilisé ici au sens de « bateau », un sens sous-entendu de l'expression « à deux mâtes ». Ce sens est repris dans le contenu de l'exemple implicitement par le verbe « s'embarquer » qui a le sens de « monter à bord d'un bateau » et l'expression syntagmatique « sur une de ces petites chaloupes » qui est en rapport de subordination avec le verbe « s'embarquer ». Par ce rapport, on peut comprendre que l'expression syntagmatique désigne le moyen par lequel l'acte dénommé par le verbe s'embarquer a été executé. D'après le principe d'isotopie et le niveau de redandance, le mot « chaloupes » de l'expression syntagmatique a le sens de « bateau » un sens qui définit aussi le mot « schooner ». Ce rapport de synonymie entre « chaloupes » et « schooner » est présupposé de la proposition relative déterminative qui a pour antécédent « chaloupes » et du verbe de cette proposition « nommer » et aussi de la proposition relative explicative dont l'antécédent est le mot « chaloupes ».

    Dans l'autre dictionnaire, c'est-à-dire de Debove et Gagnon, ce mot « schooner » est définit pat « petit navire utilisé pour la pêche et le commerce ». Ce sens est reproduit dans le contenu de l'exemple d'une manière implicite. Dans le premier exemple, le verbe « embarquer » est dans la même isotopie de navire. Le sens de ce verbe est « monter à bord d'un moyen de transport maritime ». Le terme « schooner » qui sert de complément au verbe « embarquer » est entendu au sens de ce moyen de transport. Le sème spécifique composant la définition de « schooner », qui a pour fonction de distinguer ce type de navire des autres, a été repris dans la proposition relative déterminative au deuxième exemple cité où le terme « schooner » est l'antécédent du pronon relative introduisant cette proposition.

 

    Conclusion comparative

   La définition des entrées dans les deux dictionnaires partagent certains points communs et se différencient par certains d'autres.

 

   On peut résumer les points partagés entre les deux dictionnaire dans certaines informations qui aident à saisir le sens du mot défini comme la catégorie grammaticale, le mot d'origine, l'exemple et l'année d'introduction et de l'authentification.

   Quant à la différence, elle est marquée par la présence ou l'absence de quelques informations qui peuvent parfois rendre difficile l'établissement du rapport entre le signifié et le signifiant, d'après la théorie du signe de Saussure. Par exemple, l'absence de la transcription phonétique du mot à définir dans le dictionnaire de Hofler peut changer le signifiant du signe. Le mot « after-shave » peut être prononcé [aftersav], alors qu'il doit être prononcé [aftoersev] et le mot « damper » [dampər], alors qu'il doit être prononcé, selon le dictionnaire de Debove et Gagnon [damœr]. Si la prononciation est fausse, la relation qui sera établie entre les deux composants du signe sera aussi fausse puisque le signifiant du mot est sa suite phonique. Parfois, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, on définit le mot en un seul sens dans le cas où il est en plus qu'une catégorie grammaticale, le mot « kaki » est un adjectif et un nom. On l'a défini en un seul sens. Dans ce cas aussi, il y a difficulté de rétablir le rapport entre les deux parties du signe. On ne peut pas déterminer si la définition est le signifié de « kaki » adjectif ou de « kaki » nom. Parfois, le dictionnaire de Debove et Gagnon définit certains mots avec un seul sème comme le cas de « abstract » et absurd ». Ce cas est rare dans le dictionnaire de Hofler et même s'il se produit, on cite le mot d'origine comme pour le mot « saloon ». On a définit ce mot par uniquement « cabaret » , mais, on a cité le terme dont il a été dérivé « salon », un e entrée qui est définie par plus qu'un sème et le milieu où ce sens est accordé à ce mot. Ce cas, dans le dictionnaire de Hofler, concerne aussi certaines dérivés comme « kidnappage », une sous-entrée incluse dans la définition de « kidnapper ». Cette manière de définir les entrées pose problème de détermination du signifié. Pour « abstract » qui est défini par « résumé », on risque de prendre le premier mot pour le sens du deuxième qui est déjà en rapport avec un sens déterminé par un ensemble de sèmes, ce qui nous fait accorder deux sémèmes à un seul ensemble de sèmes, autrement, deux signifiants pour un seul signifié.

 

    Les sémèmes, dans le dictionnaire de Debove et Gagnon, sont, d'une manière générale, composés de plus de sèmes que dans le dictionnaire de Hofler et les exemples sont aussi nombreux. Néanmoins, dans le dictionnaire de Hofler, les entrées sont définies par plus de sens que dans le dictionnaire de Debove et Gagnon et ils sont accompagnés d'exemples tirés des textes écrits à la même date de l'apparition du sens défini.

 

   En conclusion, d'après l'analyse sémique, la manière utilisée dans la définition du sens aide à mettre le rapport entre le mot et son « vouloir dire » facilement dans le dictionnaire de Hofler plus que dans celui de Debove et Gagnon selon le nombre des sens et  le nombre et le type des sèmes composant la définition, la position du mot d'origine et le contenu des exemples cités qui est en rapport étroit avec celui de la définition du sens.

 

 

 

 

 

 

     Conclusion

    Les deux dictionnaires des anglicismes répertorient les mots empruntés de l'anglais de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Dans le dictionnaire de Höfler, les emprunts qui ont fait l'objet de la description sont les emprunts de toutes pièces, c’est-à-dire les mots qui sont empruntés en tant que contenu et forme. Ceux qui sont empruntés uniquement en tant que contenu ne sont pas retenus comme le cas des calques. Ces mots retenus sont, en plus de la première condition, ceux qui sont usuels, alors que dans l'autre dictionnaire les mots repris sont les emprunts usuels et ceux dont on a arrêté l'usage et, d'une manière générale, tous les mots qui sont originaires de l'anglais quelle que soit la manière qu'ils ont suivi pour arriver au français.

    La procédure suivie pour la description de ces mots présente des points communs et certains points de différence. La différence est marquée par l'ordre des informations fournies d'un mot ou d'un des sens de ce mot et aussi de la catégorie des mots définis. Höfler définit les mots d'origine, c’est-à-dire les mots radicaux comme des entrées et les dérivés comme des sous-entrées incluses dans la définition de l'entrée. Par contre, Debove et Gagnon définissent les mots radicaux et les dérivés comme des entrées distinctes.

     D'après l'analyse sémique appliquée aux définitions de certaines entrées, la différence entre les deux dictionnaires s'actualise par le nombre des sens de l'entrée, le nombre des sèmes composant le sémème et le type des sèmes accordés au sémème à définir. Dans le dictionnaire de Höfler, on définit les sens d'une entrée par des sèmes génériques partagés entres les sens et on les distingue par des sèmes spécifiques comme le cas de la définition du premier sens et du troisième sens du mot « absentéisme » qui ont pour sème génétique le mot « habitude ». En revanche, le dictionnaire de Debove et Gagnon distingue les sens de l'entrée par les deux types de sèmes et rarement par les sèmes spécifiques. Les deux dictionnaires, parfois, se croisent dans le nombre et le type des sèmes comme dans le cas de la définition du premier sens de l'entrée « absentéisme », et dans d'autres, ils se différencient nettement, mais selon l'analyse sémantique, la valeur du sens est presque la même malgré l'existence de l'écart au niveau sémique.

    Les exemples ont toujours pour fonction de justifier ou de clarifier ce qui est énoncé. Dans les deux dictionnaires, les exemples sont cités dans le but de clarifier et de justifier le sens décrit dans la définition. Cette réalité est révélée par l'analyse sémantico-pragmatique comparative entre le contenu de la définition et celui de l'exemple. Ceci, nous a permet de montrer qu'il existe un rapport sémantique étroit entre la définition et l'exemple. Dans les deux dictionnaires, ce rapport revêt une forme explicite et parfois implicite que seule une analyse linguistique peut déterminer.

    

    

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

1- Alain Rey, La lexicologie, Klincksieck, Paris, 1970

2- Alain Rey, Du dictionnaire à la lexicologie, Armand Colin, Paris, 1977

3- Ferdinand De Saussure, Cours de linguistique générale, Payot, Paris, 1949

4- Jean Dubois, Mathée Giacomo, Louis Guespin, Christiane Marcellesi, Jean-Pierre Mével, Dictionnaire de linguistique, Larousse, 1973 Paris

5- JOSETTE REY-DEBOVE et GILBERTE GAGNON, Dictionnaire des anglicismes, Les usuels Robert, Montréal 1988

 6- Manfred Höfler, Dictionnaires des anglicismes, Larousse, Paris 1982

 7- http://www.droitmultilingue.com/langue2_analyse_semique_principes.htm

 8- http://www.xtec.net/~sgirona/fle/nominalisation_index.htm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Table de matières

 

 Présentation

 I- Présentation procédurale des dictionnaires 

 

   1- Le dictionnaire de Höfler  

       1-1-La nomenclature 

       1-2-La structure de l'article 

       1-3-Description linguistique de l'entrée    

       1-4-La datation

       1-5-L'étymologie        

       1-6-Les exemples

 

  2 - Le dictionnaire de Debove et de Gagnon

       2-1-La nomenclature     

       2-2-La structure des articles

       2-3-Description linguistique de l'entrée   

       2-4-La datation et l'étymologie

       2-5-Les citations et les exemples  

       2-6-Graphie et prononciation 

 

II - La définition linguistique et l'analyse sémantique du mot

 

     1- Représentation du sens

         1-1-La définition 

         1-2-Le signe    

 

     2- Le contenu lexical

         2-1-Le sème

         2-2-Les sèmes génériques

         2-3-Les sèmes spécifiques

 

     3-La représentation sémique des sémèmes

 

III - Analyse sémantique et linguistique de la définition lexicographique dans les deux dictionnaires

    1- Aperçu comparatif de  la nomenclature  

         1-1-Les entrées

         1-2-Structure de l’entrée

         1-3-Technique de la définition

         1-4-La datation

         1-5-Le commentaire étymologique

  

    2- Analyse sémique des entrées   

    3- Origine référentielle des exemples

    4- Analyse linguistique comparative des exemples et du contenu de la définition des sens

        4-1-Analyse sémantico-pragmatique

    5- conclusion comparative

  Conclusion

  Bibliographie                                                                                                                                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Corpus

 

absentièsme

abstract

absurd

action

adder

adjustable

adresse

adventiste

affidavit

after-shave

agnostique

agnosticisme

damper

dancing

designer

dinghy

dollar

kaki

karting

kayak 

ketchop

kidnapper

kidnapping

saloon

schooner

liner 

listing

zoning

zoologique

zoo